Sluburbs
« Pizza_002″ by Molly Montale. Source
Le virtuel était censé nous permettre de vivre des expériences impossibles dans la vie physique: conduire des véhicules extraordinaires, fabriquer des villes, tuer… Pourtant, il semble que l’horizon des mondes persistants tende vers des actions bien plus quotidiennes et banales: construire sa maison, se promener, rencontrer des amis autour d’une pizza, confortablement installé dans une villa témoin idéale avec piscine et palmiers en 3D.
Bienvenue dans les sluburbs (de SL pour Second Life), les banlieues du virtuel.
L’intérêt du virtuel ne réside pas tant, en effet, dans la réalisation de fantasmes inaccessibles, que dans un léger élargissement de la zone de confort de chacun. Reproduire les activités de la vie quotidienne en ligne permet ce léger élargissement: les codes sont connus, mais les gens que l’on croise viennent d’un cercle élargi. Second Life est fondamentalement très proche dans son principe de chatroulette: une interface permettant de rencontrer de parfaits inconnus (ce que permet aussi, moins efficacement, la ville). Avec ou sans ailes, ce sont bien des êtres humains que l’on y croise (tout au plus sont-ils déguisés d’un avatar).
Les sluburbs ne sont donc pas à comprendre comme des univers parallèles, flottant dans une dimension autre. Elles représentent la continuation du système urbain, un simple accroissement du potentiel de la ville (cf. « La Ville potentielle »).
« Chores! » by marianne.mccann Source
