Bookmark and Share Architectural Landmarks of the World : from vertical to horizontal – Propositions/spéculations

Propositions/spéculations

Architectural Landmarks of the World : from vertical to horizontal

Stéphane Degoutin, 2009. Subject: Theme Park Cities

Jusqu’au 20e siècle, les landmarks de l’humanité étaient verticales. Qui construisait le plus haut possible avec les techniques de l’époque créait automatiquement une landmark.


Pyramides de Gizeh. Source


Cathédrale de Lincoln. Source


Tour Eiffel. Source


Empire State Building. Source


World Trade Center Tribute in Light. Source

Pendant la seconde moitié du 20e siècle, les bâtiments les plus hauts ne deviennent plus nécessairement des landmarks. Les Twin Towers peinent à rivaliser avec l’Empire State Building — avant de finir en monument horizontal (Ground Zero).


Ground Zero en 2005. Source


Beverly Hills, Los Angeles. Source

Los Angeles invente la landmark horizontale. Beverly Hills est le premier lotissement résidentiel à accéder au statut d’attraction touristique. Elle possède en commun avec la Kaaba de la Mecque d’attirer un grand nombre de visiteurs sans rien leur donner à voir de plus que des murs (excepté des palmiers). Le fait que les touristes continuent d’y péleriner, malgré son manque apparent d’attractivité est bien la preuve qu’elle recèle une importance symbolique du même ordre. Beverly Hills incarne un certain aboutissement du rêve américain, mais ce rêve demeure diffus, invisible, inaccessible. Il est possible de se promener à l’intérieur sans avoir le sentiment d’être en un lieu particulier: l’attraction se dérobe au fur et à mesure qu’on l’explore. Cette étrange frustration constitue son attrait.


The World, Dubai. Source


Second Life en 2008. Source

La landmark verticale était une déclaration de puissance. Elle pouvait être mise au service de la sépulture d’un seul homme, ou à la gloire d’une divinité, mais elle exprimait fondamentalement la puissance humaine et la cohésion de la société qui s’était organisée pour la construire.

La landmark horizontale, au contraire, incarne la puissance de l’individu. Le collectif n’a pas disparu, il est mis au service de l’individualisation de ses membres. Les landmarks modernes ne sont pas seulement horizontales, mais fragmentées. C’est la multiplication des îles de Second Life, de The World ou du sprawl américain qui forme un territoire idéal. Ces archipels infinis symbolisent la capacité de l’humanité à se diviser sans imploser, sa promesse de produire en série des paradis pour chacun de ses membres.

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Appendice: Karl Marx et le tronc du palmier

Spectaculaire en photo aérienne, le Palmier de Dubaï est triste vu du sol. Son « tronc » (l’avenue monumentale qui en constitue l’entrée) évoque un paysage de l’ex-RDA: alignement de barres préfabriquées répétitives, déguisées derrière des façades ornementées, à peine plus riant que la Karl Marx Allee à Berlin. Elle n’a rien à lui envier en termes d’échelle. Elle offre une plus grande répétitivité et une plus parfaite linéarité.




L’avenue des « Shoreline Apartments » le long du « tronc » de The Palm, Dubai. Source


Karl Marx Allee (anciennement Stalinallee) en 1956. Source

L’avenue, longue de deux kilomètres, reprend le thème de l’allée triomphale, composée à la manière d’un prix de Rome. Quelque part entre Staline, Hitler, Bofill ou le grand délire de l’axe « historique » de la Défense.


A gauche: Ricardo Bofill, La Place du Nombre d’Or, Antigone, Montpellier, France (1978-1984). Source A droite: projet d’Albert Speer pour Berlin Source

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